Saul & Constance - Et si on s'étaient rencontrés avant ?

Il devait se marier, rentrer dans les rangs. Devait être sage et accepter son sort. Alors que s'était-il passé ? Comment avait-il rencontré cet homme qui, à quelques jours de la date fatidique, le fait plus que jamais douter sur sa démarche ? Pourquoi le rencontrer quand il était prêt à se condamner ? Dieu aurait-il, finalement, un message à lui faire passer ? Tout au fond, Constance ne peut que l'espérer. Reste que ce fameux Saul hante ses pensées et que le coup de foudre fut un peu trop une évidence. Pas encore marié, ni à vivre sous le même toit que sa future femme, il peut le voir bien trop facilement. S'il n'avait pas avoué tout de suite son statut de mari en devenir, Constance n'aurait sans doute pas su le faire après. Ruiner ses chances dès le départ avait été la meilleure des idées, pour lui. Peine perdue, son coeur s'en fichait bien de ce que le monde voulait d'eux. Aime Lizzie, pas Saul. Et au coeur de refuser, éperdument. Et au même d'espérer sans arrêt un geste de l'autre homme. D'offrir à ce type des sourires qui n'en finissaient plus de s'agrandir quand il était présent. Au même de se sentir bien et léger que lorsqu'il était là. À ce coeur qui déchante aujourd'hui, alors que les cartons de la plupart de ses affaires ont été faits parce qu'après tout dans quelques jours il déménagera chez sa prétendue moitié. Et peut-être bien qu'un seul homme ne suffirait pas à faire passer le sentiment d'angoisse qui vient lui dévorer l'estomac. Et quand un sms arrive, à ce Constance au milieu de ses cartons qui demain partiront rejoindre le futur lieu de vie, c'est le même qui pleure. Parce qu'il ne pourra jamais faire marche arrière. Persuadé que c'est foutu, qu'il aurait dû faire d'autres choix. C'est en larmes que le coeur écrit, à ce Saul aux sourires qui le font toujours rayonner.




Il envoie, sans hésiter. C'est après que le doute vient à le ronger. Qu'il se retrouve comme dos au mur, la lèvre inférieure mordue avec angoisse et sans ménagement aucun. Une pogne qui remonte, celle pas encore cerclée pour l'éternité. Son ventre se tord un peu plus, alors que le pouce alloué à l'écran se décide à écrire lentement son sms. Au mais de celui-ci, il ne sait plus comment dire les choses. Se retient de pleurer plus encore, devant l'absurdité de ce message. Quand il écrit les mots, le coeur se serre davantage encore, hurle à la cervelle d'appuyer pour envoyer. Et la seconde d'après, il supplie le contraire. La cervelle, perturbée, ne sait quoi faire. Constance lui non plus. Le premier sms a été envoyé, il est trop tard pour reculer. Ou bien, si. Il pourrait dire totalement autre chose, tout effacer et... Trop tard.




Durant un bref instant, il a cessé de réfléchir. A cesser de s'en vouloir. D'avoir peur. Surtout ça, oui. Parce qu'il est terrifié. Que ça soit réciproque. Que ça ne le soit pas. De continuer à faire ses cartons. De les défaire. De se marier. De ne pas se marier. Mais surtout, surtout, de ne plus avoir Saul dans sa vie.

Alors, qu'advienne que pourra.

Le coup de foudre, vous y croyez ? Je l'ai vécu seulement une fois dans mon existence et je ne souhaite pas le revivre. Du moins, j'ai l'espoir de ne plus le revivre avec quelqu'un d'autre. Silencieusement, j'offre mes prières à un dieu auquel je ne crois pas, pour finir ma vie à simplement tomber amoureux de toi un peu plus chaque jour de ma vie. J'ai l'impression d'être arrivé à temps, mais est-ce que je me fourvoie ? Je suppose que non, mais il est si facile de choisir le ciel gris quand on a pas envie de laisser voir un arc-en-ciel. Tu as su me briser le cœur, mais il n'a jamais cessé de battre, Constance. Un peu plus quand tu es là, un peu moins quand tu venais à me quitter, mais il continuait d'espérer. Je ne suis pas le genre de type qui peut abandonner facilement, tu n'es pas marié, j'ai encore ma chance, c'est ce que j'aimais penser. Plus les jours avancent et plus je sais que les chances diminuent, plus je sais que je n'existerais peut-être plus pour toi bientôt. Il sera définitivement brisé tu sais ? Parce qu'il a reçu tellement d'espoir, qu'il a battu tellement fort pendant un temps. Mon cœur sera réellement brisé quand tu me quitteras.




Je m'attends au pire, mon cœur est déjà à saigner et le temps que tu laisses entre les deux messages laissent le temps à mes larmes de couler sur des joues qui n'en avaient pas vu la couleur depuis longtemps. Ne me quittes pas. J'aimerais le hurler, mais je ne peux pas, ça ferait fuir les clients. Je dépose mon tablier pour aller m'enfermer dans l'arrière boutique un instant.le cœur qui semble s'étrangler au début du message et qui se libère sur la fin. Je reste un temps perdu, les larmes qui remontent, mais cette fois de joie, même si ça ne veut pas dire que tu ne vas pas te marier. Tu vas le faire, dis ?




Je reste un instant, avant de venir enfiler ma veste et j'abandonne mon poste. Je plaque mon gagne pain pour essayé de te conquérir.




De toute façon, je ne te laisserais pas détruire ta propre vie pour une famille qui ne serait pas capable d'aimer l'homme que tu es réellement. Alors je monte sur mon vélo et je m'en moque bien des feux rouges là. Je manque de faire quelques accidents sur la route, mais au pire des cas, ça voudrait dire que le destin ne nous voulait pas ensemble. Je passe devant une bijouterie à toute vitesse et j'avoue faire demi-tour. Je réclame une bague, pour ce qui est de la taille j'essaie d'imaginer tes doigts dans les miens pour juger de si ça passera ou non . Au pire des cas, je t'offrirais ma chaîne pour que tu la gardes au coup. Je me ruine et je reprends ma route pour venir sonner en bas de ton appartement. Je me recule pour regarder la fenêtre, pour que tu l'ouvres, que tu m'entendes chanter comme dans les films à l'eau de rose, tu ne m'as jamais entendu chanter, alors j'espère que ma voix t'ira, parce que le monde qui passent et tes voisins vont me détester.

Il n'aurait peut-être pas dû. N'en sait rien, Constance, n'a que le stress d'attendre à son tour après une réponse. Comme Saul avait pu attendre pour savoir ce qu'il en était de son côté. Et il y a un réel soulagement d'avoir su oser avouer ses sentiments, comme son exact opposé aussi. Cette impression que ça ne servait à rien, qu'il aurait mieux de se taire parce que ce n'était pas ainsi qu'il pourrait avancer. Et le coeur qui hurle que si, à cette cervelle malade tous les enseignements qu'on a pu lui rentrer par la force des choses. La palpitant, celui-ci même, qui fait un marathon tant il bat fort dans le poitrail de Constance. L'homme est accroché à son téléphone, ne sachant pas ce qu'il attend. La guillotine, ou la liberté. Comme un condamné qui ne peut assister à son propre procès, qui ne fait qu'en attendre le verdict.

Acquitté, déclara le juge.

Tout se calme, dans son esprit. Soudainement, il est comme léger. L'envie de sourire, aussi. Qu'il ne refrène pas, loin de là, en lisant tout ça. D'éclater de rire, même, pour briser le silence. Pour enterrer ses sanglots. Pour célébrer la vie. Un rire cassé mais qui a le mérite de le faire se sentir présent, bel et bien. Plus à marcher à côté de sa propre vie. Plus à croire qu'il n'y aurait jamais d'autres choix que de celui de sa famille. Et il n'a pas le temps de répondre au sms qu'un second, déjà, s'en vient. Et que le sourire ne s'effrite pas. Qu'il ne peut que répondre d'une pogne, l'autre écrasant ses larmes - pourquoi coulent-elles encore ?




D'en sourire encore, de répondre ça. Enlève-moi, je t'en supplie. Il pose son téléphone, pour pleurer une bonne fois pour toutes. Pour se relever ensuite, se passer le visage sous de l'eau froide. Pour tenter de réfléchir, de regarder encore son téléphone en priant pour que Saul ne renvoie aucun message. Qu'il ne lui dise pas qu'en fait, il ne viendra plus. Mais les seuls messages sont de sa famille. Et il ne sait plus, Constance, s'il doit répondre à eux aussi. A la gorge sèche, les idées brouillées. C'est qu'ils parlent tous du mariage, demande des détails que jamais il n'aurait penser à leur donner. Ou si, mais pas ainsi. Pas avec une femme qu'il n'aime qu'avec tendresse, de celle qu'on porte aux amis. Qu'il n'a pas envie de devoir se forcer à toucher un jour, au nom d'un Seigneur qui ne pouvait pas être si cruel ! Pas au point de faire des hommes comme eux pour les forcer ensuite à n'aimer que les femmes. L'idée, plus que jamais à cet instant, lui semble bien trop terrible. Alors, quand l'interphone sonne, il lâche tout ça. Oublie la famille qui demande des détails pour la décoration ou la nourriture. Lâche cette vie dont il ne voulait pas, lâche Dieu et la cruauté des hommes. Pour appuyer sur le bouton, pour voir au travers de l'écran Saul se reculer. Se demandait pourquoi et ouvrir la fenêtre, ainsi.

Acquitté, déclara le monde.

Il y a un rire qui s'échappe, au tout début. Un de ceux que la surprise fait naître, timide et interrogé. Mais plus Saul chante, plus il est difficile pour Constance de se contenir. Et face à cet homme qui ose braver bien des interdits pour lui faire la sérénade, il ne peut que se dire qu'il fût le meilleur des choix. Que jamais il ne pourrait regretter d'avoir envoyé ce sms. Alors il pleure encore un peu, Constance. Sans doute pour la dernière fois, parce qu'après tout on ne passe pas sa vie à pleurer quand on est heureux, n'est-ce pas ? Son hyper sensibilité mettra à rude épreuve cette idée reçue mais pour l'heure, il ne peut que sourire encore à Saul. "... Je t'attends..." Qu'il répète, à la fin de ce couplet. L'esprit trop submergé, pour savoir quoi dire de plus. Viens me kidnapper. Viens me dire de t'épouser. Il rappuie sur le bouton pour que Saul monte. Pour se jeter à son cou quand enfin il est là, à portée de bras, de pleurs, de joie, de tout. La tendresse qui s'agrippe autant à lui que l'amour profond qu'il ressent pour lui. De le serrer aussi fort qu'il peut, pour être sûr qu'il ne s'évapore pas, qu'il ne soit pas qu'une illusion créée par son esprit. Et quand enfin il ose se décrocher un peu, ce n'est que pour mieux aller l'embrasser. Un baiser, fort de tout cet amour qu'il ressent pour lui. Fort de ce bonheur de savoir ses sentiments partagés. Un où les bouches sont l'une contre l'autre avec force, sans avoir celle de se laisser aller à autre chose. Comme un besoin vital d'un contact simple, pour se confirmer le tout. Et pour se donner aussi le temps, surtout, l'espace d'une seconde, de dire quelques mots. "Je t'aime tellement..." Pour se laisser le temps, pour la vie, de réaliser combien c'est vrai, d'enfin pouvoir le dire. So much.

Je te laisse sortir le museau de ta fenêtre pour te faire la sérénade. Là où beaucoup trop de monde voudrait que je le fasse à une femme, je le fais à l'homme qui, je l'espère, sera celui avec qui je vieillirai. Je te regarde avec un petit air tendre avant que tu en m'ouvres la porte de nouveau et je cours, dans le hall, dans les escaliers, tapant un peu de mur en mur tellement je ne fais pas attention à ce que je fais. Je suis trop pressé de te retrouver. Je te laisse t'accrocher à mon cou et moi je passe mes bras autour de ta taille pour venir t'amener à moi. Je ne perds pas mon sourire, je n'ai pas peur de la suite, maintenant que tu es définitivement là. J'allais te dire que je t'aime, mais je suppose que tu le sentiras dans notre baiser. Pas besoin de mots sur l'instant, pas le temps de laisser s'en échapper quelques un de toute façon. Ma bouche qui ne veut plus quitter la tienne, qui voudrait goûter aux tiennes indéfiniment, mais on finirait par manquer d'air. Un baiser fort en sentiment, le souffle qui manque parce que tu me serres peut-être un peu trop fort, mais ça me va. « Je t'aime aussi Constance. »

Je viens fouiller dans mes poches pour venir sortir une petite boite. Je te regarde dans les yeux un moment avant de regarder la boite. « Ce n'est pas le meilleur endroit pour faire... ni même le plus romantique, mais c'est... le vrai début de notre histoire. Sans plus aucune limite. » Je souris doucement avant de venir poser un genoux au sol, d'ouvrir la boite et je vais prier pour que tu dises oui. Je vais aussi prier pour que la bague soit à ta taille. Si c'est le cas, je ne pourrais que penser que c' était définitivement le moment parfait. « Veux tu m'épouser ? Moi... l'amoureux des chats... Le margoulin qui t'enlève... Celui qui va te demander de... vider tes cartons pour récupérer les affaires que tu ne veux pas perdre. J'ai eu un réel coup de foudre pour toi Constance... Me ferais-tu l'honneur d'être mon mari ? On porte le nom qui te fait plaisir. »  Parce que je n'ai pas d'attache avec le mien, mais il sera peut-être plus facile pour toi d'oublier ton passé en venant créer notre famille à nous avec mon nom. Mon romantisme nul me perdra, je suis à genoux dans un appartement simplement rempli de carton. Face à toi qui pleure encore et encore. Pourtant, je nous trouve beau là, authentique.

Que leur arrive-t-il donc ? Un simple aveu qui semble pouvoir changer une vie entière. L'amour qui sauve de la perdition, des mensonges et de bien d'autre chose. Ne plus songer à rien, entre ses bras, tout en étouffant face au nombre de pensées qui le submergent. Est-il vraiment en train de foutre sa vie en l'air ? Ou est-ce tout le contraire ? Il ne sait quoi en juger, mais entendre Saul lui dire qu'il l'aime aussi, ça lui fait tellement du bien. Tant qu'il ne peut qu'en sourire, qu'avoir même un léger rire remplie de joie qui s'échappe. Puis il redevient muet, quand il voit les mouvements, qu'il remarque la boîte et qu'il entend les premiers mots de Saul. Que ce dernier fiche genou à terre, qu'il commence à faire sa demande. L'estomac ravagé par une bouillie d'émotions qui ne donnent plus l'occasion de réfléchir. "... J-..." Il ne sait quoi répondre, sur l'instant T. A la tête qui tourne tellement qu'il lui semble que le malaise n'est pas si loin. La bouche tremblante et la bouille entière avec, en fait. Le manque de souffle, à s'esquinter les prunelles sur la bague qui pourrait bien remplacer celle qui était à venir pour lui. Le vide, puis... "Oui." Pourquoi aurait-il hésité, hein ? Ce sms avait acté qu'il souhaitait tout quitté, avant que tout devienne trop grave, trop tard. Alors, il ne peut que dire oui, pour cette bague, pour cet homme, pour ce mariage-là. Constance ainsi tire sur le poignet de Saul pour le relever, qu'il revienne à sa hauteur, pour revenir l'embrasser avec bien plus de fougue cette fois. C'est qu'ils vont se marier, après tout. Un lui, plutôt qu'une elle au bout de ses doigts. Ainsi, finalement, Saul vient bel et bien l'enlever. "J'ai pas de bague pour toi..." Qu'il murmure, au bout du baiser, s'en rendant soudainement compte. C'est qu'il ne s'était même pas figuré que ses sentiments seraient partagés. Que Saul le demanderait un jour en mariage. Qu'il lui parlerait encore dans une semaine. Tout est si flou depuis le départ. Mais tout s'éclaircira bientôt, n'est-ce pas ? "Désolé..." Il aurait aimé en avoir une. Vraiment aimé, pour pouvoir lui donner. Mais il n'y en a pas et quelque part, ça ne l'empêchera pas d'être heureux. "Tu veux bien te marier quand même avec moi... ?" Un sourire, en demandant ça, en le regardant, en le dévorant de ses yeux d'amoureux transi.